Julien Marcilly décrypte pour le MEB les incertitudes de l’économie mondiale

04/03/2020

Les craintes de contagion n’auront pas eu raison de l’engouement pour les analyses pertinentes que Julien Marcilly délivrait pour la 7e année consécutive auprès des membres du MEB. Si la pandémie a déjà des conséquences, de nombreux autres facteurs sont à prendre en compte pour envisager l’avenir rappelle l’économiste en chef de Coface.

 

Organisée en partenariat avec Banque Populaire Méditerranée et Gramaglia, la conférence s’est déroulée devant plus de 100 entrepreneurs de la Principauté, avides d’informations économiques en ces temps d’incertitudes, en particulier pour les sociétés liées à l’international.

Julien Marcilly a égrené les différents défis auxquels les échanges économiques mondiaux sont confrontés. A commencer par le coronavirus bien que, comme il l’a reconnu, « il y a deux mois on ne pensait pas à une crise sanitaire qui est le principal risque aujourd’hui ». Car les bouleversements sont bien réels : un choc de l’offre dû à l’arrêt de la production chinoise puis un choc de la demande provoquée par l’extension du virus. Un jeu de répercussions qui touche l’ensemble de l’économie provocant un choc de confiance généralisé. Conséquence, les prévisions de la croissance mondiale par Coface sont revues à la baisse d’un demi-point, à condition que le pic du coronavirus se situe au deuxième trimestre. 

Autre sujet un peu éclipsé mais à l’impact non négligeable : la montée des protectionnismes. Tel que celui issu de la guerre commerciale entre Américains et Chinois, mais pas seulement. En effet, les mesures prises par les deux géants ne représentent qu’un quart du total à l’échelle mondiale. Une tendance de fond donc et qui a des répercussions sur les échanges. Cependant, les effets ne sont pas toujours ceux imaginés : ainsi sur le déficit commercial américain, le recul de la Chine comme fournisseur a été essentiellement compensé par l’augmentation des importations en provenance du Mexique et du Vietnam.

Julien Marcilly pointe également un cycle atypique où le chômage reste globalement bas sans que les taux ne remontent. Une conjoncture favorable à l’immobilier et la construction où le risque de liquidités qui a conduit à la crise de 2008 n’est a priori pas à craindre. Pour autant les répercussions de cette situation ne profiteraient vraiment qu’aux ménages les plus aisés mais aussi aux plus faibles qui n’ont de toute façon pas accès à la propriété.

Toujours selon l’économiste, les services et les acteurs liés au tourisme encaissent une perte sèche en cette période d’incertitude et les secteurs comme l’automobile, la métallurgie ou le textile sont confrontés à des défis de plus long terme et devront s’adapter aux nouvelles donnes.

Pour conclure son propos, Julien Marcilly s’est appuyé sur des cartes du monde illustrant les différents risques pays et la capacité de chacun à réagir à ces risques. Une série que les entrepreneurs présents ont observé attentivement avant le traditionnel échange de questions réponses pouvant donner lieu à des précisions sur certaines zones.  Le Brexit a ainsi été évoqué, mais pour s’entendre dire que cette question était actuellement passée au deuxième plan en Europe… à cause du coronavirus.

de g à d, Regis Etienne, Directeur Monaco - Banque Populaire Méditerranée, Laetitia Nahum, Responsable Risques Financier - Gramaglia, Julien Marcilly, Economiste en chef - Coface, Michel Dotta, Président - MEB (© MEB/Carte Blanche)